600 juifs (120 familles) sont arrivés à Ile-Rousse en Corse en 1767 grâce à Pascal Paoli ! Et en voici la preuve

 

On sait de mémoire orale en Corse que des noms d’île Rousse sont ceux de juifs.

 

Tous les historiens savaient déjà que Pascal Paoli avait passé un traité avec les rabbins de Livourne pour échanger le corail de corse taillé dans une manufacture à Livourne contre des armes. On sait tout cela par James Boswell un ami anglais de Paoli.
Mais on ignore les détails de cet accord passé avec le consul de Piémont à Livourne, Antonio Rivarola, fils de Domenico, ancien chef de la révolte corse, au service du Piémont au moment de la guerre de succession d’Autriche.

 

Cet échange de corail contre des armes réalisées par des Juifs de la péninsule italienne n’est pas nouvelle. Des canons juifs fabriqués dans le
Ghetto de Lerici  près de la Spezia (Ligurie) à une vingtaine de kilomètre de Massa (On se rappelle que Pietro Massa est le fondateur de Ventimiglia la Nuova-Porto Vecchio en 1569) sont arrivés en Corse dés la Renaissance
en 1507 et en 1508
.(voir ici )

 

Mais jusque-là on ignorait combien de personnes étaient arrivées à Ile-Rousse. Et d’où venaient-ils ? Un de mes fidèles lecteurs m’a mis sur la piste d’un document inconnu du samedi 17 octobre 1767 dans The London Chronicle. Pour la petite histoire le Roi Théodore est mort chez un juif à Londres et Pascal Paoli y a passé la moitié de sa vie au 77 South Audkley Street avant d’y mourir en 1807, à l’âge de 81 ans.

 

Voici ce que dit The London Chronicle ce samedi 17 octobre 1767 :

 

« Ils écrivent de Barcelone que plus de 120 familles juives avec leurs affaires, pour la plupart très riches ont embarqué tardivement sur des felouques française (bateaux à voile) et espagnoles pour l’île de Corse.

 

Par lettres de Livourne, on recommande aux juifs du Levant [NDA : sépharades du Bassin méditerranéen oriental : ottomans, balkans, syriens, libanais, israéliens, égyptiens] offrent en cadeau gratuit un million de florins au Général Pascal Paoli à conditions de circuler à cheval sur l’île, mais on ne sait pas si cette proposition a été acceptée »

 

Une lettre de New Providence mentionne que les Espagnols ont pris un port de cette île sur la côte et ont fait du commerce principalement à Puerto Pio, près de Carthagène (Murcie-Espagne), et le navire et la cargaison ont été condamnés »

 

120 familles de l’époque correspondent à une population de 5 personnes en moyenne, cela fait 600 personnes qui ont débarqué à l’Île Rousse. Que sont-elles devenues ?

 

 

On sait que le 4 juillet 1568 Gênes donna la Corse à la France et que le Traité de Versailles du 15 mai 1768 interdit « Que jamais la Corse ne puisse devenir souveraine et indépendante ni posséder aucune place ou un établissement maritime qui puisse porter préjudice à la navigation » (Graziani, ibid.) ; Les juifs (probablement espagnols) d’Ile Rousse (et les Corses !) sont-ils passé par pertes et profits de cette histoire ?

 

 


 

[1] source : Graziani, Pascal Paoli : Père de la patrie corse, Taillandier 2002


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